La chanson, le cinéma et le sport sont de grands pourvoyeurs d’idoles. Mais c’est le sport qui est devenu la nouvelle religion avec ses dieux, ses rites et ses cérémonies. Impossible d’ouvrir un journal, une radio ou de regarder la télévision sans se voir imposer par le menu les commentaires insipides sur des rencontres de football, de basket, de tennis, d’athlétisme…
Le matraquage médiatique n’affecte en rien l’engouement général pour le sport. Scandales, corruptions, crises, détournements de fonds, endettements massifs, dopages à répétition, violences, combines douteuses, arrangements clandestins n’y changent rien, à croire que nous sommes tous lobotomisés.
Le football, champion toutes catégories des caisses noires, des dessous-de-table, des faillites frauduleuses, donne une bien piètre image de sa prétendue vocation éducative et sociale. Et pourtant les médias, complices, ne nous épargnent aucun détail : si Barthez se blesse, la terre entière saura dans les minutes qui suivent qu’il s’est rompu le ligament croisé antérieur du genou gauche, c’est tellement important pour l’avenir de l’humanité.
Et tous les sports sont bons, y compris les plus stupides, pour véhiculer l’idéologie de la compétition et la supériorité des sportifs. Hockeyeurs sur glace, beach-volleyeurs, pétanqueurs, etc, tous, sans distinction, sont dignes d’être honorés, célébrés et vénérés. Sportifs, dont l'unique talent tient dans la frappe d’un ballon, adulés et milliardaires, qui vivent sans vergogne en parasites de leurs admirateurs. Que penser du coureur qui devient riche et célèbre grâce à une médaille d’or gagnée à un centième de seconde près, et qu’on retrouve ministre de la jeunesse et des sports ? Quelle dérision.
Un seul sport est indigne de l’honneur des médias, dire qu’on en parle rarement serait mentir, non, on n’en parle JAMAIS, on n’en montre JAMAIS d’images. Parmi les sports aériens, on voit des parachutistes (dont l’exploit est de tomber comme une pierre), des parapentistes, des pilotes de voltige. On nous explique même que l’homme a ENFIN réalisé son plus vieux rêve en nous montrant quelques farfelus inconscients qui se jettent dans le vide, vêtus d’une combinaison palmée sous les aisselles et entre les jambes. On nous explique que ces hommes volent enfin comme les oiseaux mais sans nous dire que les oiseaux seraient plutôt des autruches équipées d’un parachute.
Jamais vous ne verrez de vélivoles ni de planeurs à la télévision, comme si nous étions des pestiférés, jamais une émission ne sera consacrée au vol à voile. De là à déduire que le vol à voile ne véhicule aucune valeur, ni humaine ni sportive, qu’apprendre à piloter un planeur ne demande aucune exigence, aucune patience, aucune vertu collective, aucune connaissance, aucune compétence, bref aucun talent, il n'y a qu'un petit pas à franchir. Réaliser en une journée, sans moteur, des distances entre 300 et 3000 km n’est sans doute pas un exploit, tourner un triangle de 1000 km à 170 km/h ne mérite pas d’être souligné et monter à plus de 15000 m n’a rien de remarquable, surtout sans énergie, sans pollution, sans bruit, sans nuisances. C’est d’ailleurs là notre principal défaut : nous ne faisons pas de bruit. Comment peut-on s’intéresser à de tels enfantillages. Non seulement nous n’avons droit à aucune promotion, aucune subvention, aucune aide, aucune considération, mais en plus on nous retire nos pistes en herbe, on nous ampute notre espace aérien et on nous menace d’expulsion partout où nous sommes installés depuis des décennies. Mais même ignorés de tous, nous garderons intacts notre enthousiasme et notre liberté de voler.
Imaginons un astronome si persuasif qu’il convainc une grande partie de l’opinion publique de la découverte d’une nouvelle planète, mais sans en apporter la moindre preuve. Les partisans et les opposants s’échauffent en même temps que la communauté scientifique s’interroge. Comment trancher ? Est-ce aux sceptiques de prouver que la supposée planète n’existe pas ou à l’astronome de prouver qu’elle existe ?
La réponse à cette question paraît évidente pour un esprit logique. Les tenants de l’existence de Dieu usent d’une démarche insidieuse : face à notre incrédulité, ils nous taxent d’hérésie et nous intiment de prouver son inexistence. Quel toupet et j’ajouterais même quel orgueil ! Au 19 ième siècle, tout le monde croyait à la génération spontanée sauf quelques rares illuminés, dont Pasteur qui entendait bien prouver le contraire. Il faut relire sa vie pour mesurer toutes les humiliations qu’il dut subir pour mener son combat contre l’obscurantisme ambiant. Pour se justifier, il déclara « Le plus grand dérèglement de l’esprit est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient». Cette phrase s’appliquerait parfaitement aux crédules de tous bords qui n’attendent pas de preuves pour déclarer vrai tout ce qui conforte leur préjugés et particulièrement aux croyants qui vivent dans leur certitude confortable et non négociable. L’existence de Dieu est une conjecture, pas son inexistence. Ne tombons pas dans le piège qui consisterait à vouloir prouver l’inexistence d’un objet imaginaire.
Plus constructif (ou destructif ?) est la dénonciation de la désinformation, des mensonges, des nuisances, des pollutions intellectuelles et matérielles et des dangers que charrie toute religion dans son sillage. Parlons du conditionnement des enfants. L’acte imposé du baptême, quand il ne s’accompagne pas de mutilations diverses au nom de Dieu, est une violation du droit à la liberté de pensée, d’autant plus grave que l’enfant est sans défense. Plus grave encore : la convention internationale des droits de l’enfant ne le protège pas explicitement contre l’endoctrinement religieux et précise que « l’éducation tend à inculquer le respect (…) des valeurs culturelles ». La déclaration des droits de l’homme reconnaît sans réserves le droit aux parents « à choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ». C’est dans les milieux les plus imprégnés de religion que les mots « valeurs culturelles » et « éducation» montreront toute leur ambiguité permettant l’endoctrinement quasi institutionnel des enfants. L’incohérence de ces conventions apparaît clairement en reconnaissant à l’enfant « le droit d’exprimer librement son opinion, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion». Droit qui, à sept ans, ne pèse pas bien lourd face à l’autorité parentale et surtout aux traditions de la société. L’amalgame entre éducation, culture, coutumes, traditions et religion autorise implicitement les curés, rabbins, imams et autre larbins de Dieu à tous les abus au détriment de la liberté de conscience des enfants. Tentez de dénoncer ces dérives et vous serez vite taxés d’intolérance et d’atteinte à la liberté de pensée. Même en l’absence d’intoxication religieuse déclarée, l’enfant-éponge baigne dans la religion des parents par les conversations, les réflexions, le choix des lectures et des films qu’on lui suggère ou impose. Mais notre société, formatée par les religions, n’est pas prête à reconnaître que beaucoup d’enfants sont sous perfusion religieuse permanente. Une secte qui conditionnerait ses membres de cette façon serait accusée de manipulation mentale, alors que les curés et les parents qui conditionnent un enfant « participent à son éducation ». Ah, s’il existait une médaille de l’hypocrisie !
Une fois adulte, il est rare que l’homme s’interroge sur le bien-fondé de ses acquis religieux et c’est bien là le but recherché. En effet, imaginons une famille scrupuleuse qui attendrait la majorité de son enfant pour l’envoyer au catéchisme et à la messe, dès la première phrase du curé le jeune adulte pourrait éclater de rire et émettre des doutes sur les absurdités qu’il entend, la partie ne serait pas gagnée pour le serviteur de Dieu. Aussi, on comprend mieux l’importance d’une éducation précoce. De toute façon l’esprit critique, la lucidité, l’indépendance d’esprit ont pratiquement disparus de nos sociétés inondées d’informations puériles et de communication mensongères et commerciales (pardon pour le pléonasme). La conviction que notre bonheur est dans la possession et la consommation explique notre renoncement à toute révolte intellectuelle, ce qui est une aubaine pour les religions que nul n’est prêt à mettre en doute. La société de consommation, l’armée et la religion se donnent la main pour nous rassurer et nous éduquer au confort intellectuel, au fatalisme et à la soumission. Leur slogan pourrait être le « N’ayez pas peur » déjà utilisé par un pape.
L’amalgame entre religion et moralité est une autre cause de révolte. Le rapprochement est même institutionnalisé dans la langue française par la connotation du mot « hérésie » et le sens non équivoque d’expressions comme « c’est un drôle de paroissien », « ce n’est pas catholique », « homme de mauvaise foi » ou « sans foi ni loi ». Ces expressions sont révélatrices de cet état d’esprit malsain, passé dans les mœurs, qui banalise une forme insidieuse d’intolérance. Les préjugés qui associent religion et moralité sont l’héritage de l’Inquisition dont l’empreinte sanglante marqua l’occident durant des siècles. Dans certains grands états, un témoin qui refuserait de jurer sur la Bible, ne serait pas entendu. Un autre exemple, malheureusement banal, est la réponse d’un couple sur un problème de société, genre avortement qui commence par « En tant que chrétiens, nous avons des valeurs … ». On imagine bien que les « autres » en sont dépourvus. Au décès d’une personnalité populaire, les journalistes n’oublieront jamais de préciser qu’il était « chrétien ou croyant ou catholique pratiquant » mais jamais qu’il était athée. La télévision zoomera le sportif qui fait son signe de croix et montrera toujours le survivant qui déclare « Je remercie Dieu de m’avoir sauvé la vie » après la catastrophe qui a fait 20 000 morts autour de lui… Ces relents nauséabonds, imprimés dans le subconscient collectif, donnent toujours une connotation positive au fait religieux et négative à l’athéisme. Allez dans les bibliothèques ou les librairies et cherchez d’abord les livres sur les religions, puis essayez de trouver des livres sur l’athéisme : vous serez édifié par le constat.
La multiplicité des religions qui, toutes, sont sûres de leur légitimité et de leur suprématie devrait quand même inciter les croyants à s’interroger sur la pertinence de leur choix. Un physicien disait « La lucidité ne peut conduire qu’à l’athéisme ». J’aimerais que les croyants réalisent quelques minutes que, si Dieu n’existait pas, les guerres, les morts, les atrocités perpétrées en son nom deviendraient encore plus absurdes qu’elles ne le sont déjà ; ils pourraient aussi mesurer la vanité du temps perdu à construire des églises, des temples, des mosquées, à nous imposer des croix à chaque carrefour et à vénérer des dieux imaginaires, indifférents à leurs souffrances.
La croissance est l’augmentation de la production des biens et des services. La croissance permet d’augmenter la richesse par habitant. À entendre nos éminents économistes et nos vertueux hommes politiques, la croissance serait notre seule planche de salut pour financer nos retraites et autres caisses de solidarité sociale. Une telle situation n’est pas sans rappeler l’escroquerie de Madoff (appelé système de Ponzi) où les nouveaux pigeons financent les intérêts des anciens. Même si la comparaison doit s’arrêter là, force est de constater que nos structures sociales ne présentent aucune sécurité à long terme.
La croissance serait aussi une vertu indispensable, réponse à tous les problèmes économiques d’une nation, elle améliorerait le revenu par habitant et donc le niveau de vie (à ne pas confondre avec la qualité de vie : un médecin parisien a un bon niveau de vie, un instituteur dans un village savoyard a une bonne qualité de vie). Puis l’augmentation du niveau de vie favoriserait la croissance qui elle-même favoriserait… on connaît la suite.Ce modèle économique, basé exclusivement sur une croissance irréfléchie, engendre de nombreuses questions que nos dirigeants opportunistes préfèrent éluder.
– Première question : quel est l’intérêt d’améliorer le niveau de vie ?
L’homme a-t-il besoin de posséder toujours plus ?
Dans un monde où « l’avoir » prime sur « l’être », ça paraît être une
évidence. Mais ne serait-il pas plus judicieux de rechercher
l’amélioration de la qualité de vie ? Surtout dans un contexte mondial
où la pauvreté ne cesse de progresser. Ne serait-il pas préférable
d’envisager une meilleure répartition des richesses et une meilleure
égalité sociale ? La réponse sera évidemment différente selon que l’on
s’adresse à un bourgeois aisé ou à un ouvrier du bâtiment ! Preuve que
l’égoïsme et l’individualisme des gens de droite conditionne leur
« esprit » plus que la raison et l’esprit de solidarité.
– Deuxième question : la croissance est-elle une solution pérenne ?
Là encore, la réponse sera différente selon votre
interlocuteur. Il est à parier que, par de fumeuses théories, un grand
économiste vous prouvera que oui , mais le bon sens d’un paysan
d’Ardèche ou d’un habitant d’une petite île de l’océan indien saura vite
vous ramener aux réalités. Une île est un excellent modèle pour aborder
les problèmes de croissance. Pas besoin de sortir d’une grande école
pour comprendre que la croissance sur une surface limitée est forcément
limitée. Fort de cette évidence, on comprend mal l’entêtement des
dirigeants politiques à bâtir notre avenir sur la théorie de la
croissance permanente.
– Troisième question : l’augmentation de la population pose-t-elle un problème ?
Même sans accréditer aveuglément les théories
malthusiennes, le simple bon sens incite à penser que la raréfaction des
terres agricoles et des ressources en eau douce ne permettront pas une
croissance indéfinie de la population, sans parler des conséquences
induites comme la pollution, les flux migratoires, la pauvreté, le
chômage, l’insécurité… A long terme, il paraît incontournable d’incliner
vers une politique mondiale de stabilisation démographique et un
système économique qui prenne en compte ce nouveau paramètre.
– Quatrième question : notre système économique est-il sûr ?
Un avion est sûr si une panne quelconque n’affecte
pas la sécurité des passagers ; c’est le système dit « fail-safe » qui
est le principe de base dans la conception des systèmes complexes comme
les avions ou les centrales nucléaires. Or toutes les économies du
monde, sans exception, ont pour socle le moteur thermique qui fonctionne
(presque) exclusivement avec les sous-produits du pétrole. Fermez le
robinet du pétrole et observez : l’agriculture cesse de produire, la
nourriture se fait rare, les transports s’arrêtent, les habitants ne
vont plus travailler, les usines ne produisent plus, ni matières
premières ni pièces détachées ne sont acheminées, dans ces conditions,
il n’est même pas sûr que les centrales nucléaires puissent continuer à
tourner et l’eau dépendante de pompes n’arrive plus dans les foyers…
Nous vivons donc avec cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et
seuls quelques altermondialistes méprisés crient dans le désert pour
nous alerter de cette dépendance insupportable. La quasi-totalité des
responsables politiques, qui ne voit qu’à court terme, n’ont ni
l’intelligence ni le courage de modifier le système. Pourtant, il n’est
pas utopique de réfléchir dès aujourd’hui à une alternative au pétrole
et on peut même affirmer, sans être péremptoire, que l’avenir de
l’humanité en dépend.
– Cinquième question : faut-il exploiter les richesses minières ?
L’économie actuelle dépend aussi de l’exploitation
des minerais métalliques. Tous ces minerais sont, peu ou prou,
indispensables à l’industrie, et, comme pour le pétrole, la raréfaction
des réserves fait monter les prix et la fièvre des exploitants. Peu de
gens savent que le coltan (à l’origine du tantale utilisé en
électronique et en aéronautique) est à l’origine de la guerre en
République démocratique du Congo (RDC), conflit qui a fait plus de 5
millions de morts. De tels chiffres permettent de mieux mesurer
l’importance des enjeux stratégiques et économiques de ces ressources.
C’est moins l’exploitation que ses abus qui pose problème.
L’exploitation de ces mines est un double pillage : pillage par les
sociétés privées occidentales des richesses d’un pays du tiers-monde qui
n’en tire aucun bénéfice et pillage des générations futures qui
n’auront qu’à se débrouiller autrement.
Telles sont quelques questions parmi d’autres que
tout responsable devrait affronter. Tout esprit rationnel constatera que
notre système économique repose entièrement sur un socle dont nous
prélevons de plus en plus d’éléments, autrement dit, nous scions la
branche sur laquelle nous sommes confortablement installés. L’incurie de
nos responsables politiques, aveuglés par les sondages et peu enclins à
engager des réformes structurelles, conduira irrémédiablement un pays à
se révolter avant que d’autres ne l’imitent jusqu’à un embrasement qui
pourrait devenir planétaire.
– Terminons par une dernière question : pourquoi les
états entretiennent-ils une armée qui coûte si cher au contribuable,
alors qu’il y a peu de militaires engagés dans des conflits
internationaux (en France seulement quelques milliers de soldats sur 350 000 dans les casernes) ?
Contrairement à ce qu’on te laisse croire citoyen, ce
n’est pas pour assurer ta sécurité, en fait l’armée n’est là que pour
veiller aux intérêts économiques du pays, c’est à dire pour protéger les
intérêts du capital, c’est à dire les intérêts privés. Citoyen, c’est
toi qui paies le système de protection du capital ! Tu sais bien, celui
qui t’exploite ou qui te vire pour aller s’installer en Chine…
Eh ! CITOYEN, le jour du grand soir, le jour de la
révolution citoyenne, quand tu descendras dans la rue, qui penses-tu trouver en face de toi armé de grenades lacrymogènes, de matraques
et de fusils ?
Notre pays est coutumier des manifestations : les français descendent volontiers dans la rue pour faire entendre leur voix quand le gouvernement s’attaque à leurs acquits sociaux, pour se plaindre des bas salaires, etc. Puis vient la guerre des chiffres : cent mille manifestants selon la police, un million selon les organisateurs. Mais toujours des grands nombres. Comme moi, vous avez remarqué l’indigence du nombre de manifestants lors des marches pour la paix ou pour l’abolition des armes nucléaires, on arrive péniblement à mobiliser 70 à 80 illuminés sur une population de 200 000 habitants dans le bassin de Besançon ; les photos reçues des autres sections sont toutes aussi affligeantes, il n’est par rare de voir quatre pelés et trois tondus sous leur parapluie tendre une banderole pacifiste devant quelques passants indifférents. Triste spectacle qui prête plutôt à sourire comme on sourit aux mésaventures de Charlot. Je me suis posé la question : pourquoi un tel désintérêt pour la paix ? Les Français n’aiment-ils pas la paix ou plutôt aiment-t-ils la guerre ? Qu’est-ce qui suscite leur apathie? Pourquoi un enjeu aussi important et universel que la paix ne provoque-t-il pas une mobilisation populaire massive ? Et le pire, pourquoi notre mouvement suscite-t-il l’ironie ? Je pèse mes mots, l’ironie est bien réelle même si elle est retenue. Mais cette ironie est presque pardonnable : pourquoi militer pour la paix dans un pays qui est déjà en paix ? C’est aussi ridicule qu’une mobilisation de femmes qui défileraient aujourd’hui pour demander le droit de vote !
Je propose quelques éléments de réponse qui n’engagent que moi. Pour la plupart des Français :
La désaffection des Français pour une mobilisation en faveur de la paix semble corroborer les hypothèses ci-dessus.
Les différences entre les systèmes économiques prônés par la gauche et la droite conduisent à des duels qui n’ont cessé de me laisser perplexe. Comment deux systèmes économiques opposés peuvent-ils faire autant d’adeptes, convaincus de leur bon choix, d’un côté et de l’autre ? Peut-être pourrait-on l’expliquer par le besoin de justice sociale des uns et la cupidité des autres. C’est simpliste mais pas forcément faux.
Au risque d’apparaître comme passéiste, je constate que le modèle économique qui a fait ses preuves et a prévalu durant des millénaires est le système rural du paysan et de sa ferme : une famille utilise la richesse produite par ses membres pour faire vivre ses membres. Pourquoi un état dont les entreprises industrielles et commerciales seraient nationalisées ne pourrait-il pas faire de même ? Le problème vient essentiellement du changement d’échelle : toutes les structures de l’état doivent être repensées pour s’adapter à cette nouvelle gestion. Utopique, irréaliste, absurde diront la plupart des gens qui s’appuient sur nombre d’échecs passés sans avoir l’honnêteté de reconnaître que la cause était sans doute moins imputable au système économique lui-même qu’à l’incurie des responsables, aux dérives de fonctionnement qu’ils toléraient et à leur gestion catastrophique.
La recherche du bonheur ou du bien-être des citoyens et la nationalisation de l’outil de production sont les deux fondements du socialisme. Grâce à une gestion rigoureuse, les richesses produites serviront à la communauté : salaires, éducation, santé, retraites, justice, transports, recherche, etc. L’éducation, la santé et les transports vers le lieu de travail seront gratuits. Ainsi plus besoin ni de sécurité sociale ni d’impôts, les salaires seront nets. La fraude fiscale et l’évasion fiscale n’existeront plus. Aucune utopie dans ces propositions car à bien y regarder, c’est seulement un meilleur contrôle de la richesse produite et une plus juste répartition, rien de vraiment subversif. Les patrons, remplacés par des directeurs compétents, devront veiller, comme auparavant, à la bonne gestion de l’entreprise. Ce système garant d’une meilleure égalité sociale, évitera les écarts de salaires abusifs. À l’instar du système capitaliste, il viseront aussi le profit mais, comme le disait André Gorz, un profit subordonné au culturel et à l’éthique, et un profit qui bénéficiera à la communauté. Ce n’est pas le profit qui est critiquable mais ce qu’on en fait.
Le capitalisme considère que la rentabilité, le
profit et la croissance sont les seuls critères de choix économique(1)
et qu’ils doivent donc prévaloir sur tous les autres facteurs comme le
social, l’environnement, le culturel et l’éthique. Le capitalisme vise
avant tout l’enrichissement de la bourgeoisie au détriment du
prolétariat qui est dès lors considéré comme un simple outil de
production dont il se passerait volontiers. Les richesses produites,
destinées aux patrons(2), aux investissements rentables et aux
actionnaires, partent souvent vers les paradis fiscaux(5) : les
prolétaires n’en verront jamais la couleur et devront se contenter des
miettes tout en se consolant d’avoir encore un travail. La part de
l’entreprise dévolue aux salaires et aux impôts(3) est systématiquement
contestée et revue à la baisse de diverses manières : pression du lobby
patronal, chantage au licenciement, menace de délocalisation, etc. Les
entreprises privées sont une formidable pompe pour transférer l’argent
des classes laborieuses dans les poches de la bourgeoisie. La richesse
et le pouvoir des grandes entreprises privées leur permettent, grâce à
des avocats fiscalistes bien payés, de monter des systèmes complexes et
quasiment légaux pour éviter de payer des impôts. L’échelle de la
fraude(4) et de l’évasion fiscale(5) permet de mesurer l’éthique et la
conscience des défenseurs du capitalisme. L’état, voyant disparaître
ainsi une grande part de sa richesse nationale, n’a pas d’autres choix
que d’augmenter la pression fiscale sur les contribuables(6). Pour eux,
c’est la triple peine :
- ils voient les riches s’emparer du fruit de leur travail.
- ils doivent compenser cette perte en s’acquittant d’impôts supplémentaires.
- ils voient le service publique disparaître au profit
de compagnies privées à qui ils devront verser des cotisations pour
espérer bénéficier encore de l’assurance santé et de la retraite. Il
suffit de regarder les publicités dédiées pour s’en convaincre.
Le système capitaliste libéral est un système
auto-stable : en effet les riches et les puissants, tenant du
capitalisme libéral, ayant plus de chances d’accéder au pouvoir
politique que les prolétaires, il est peu probable qu’il soit un jour
remis en question, à moins qu’un Grand Soir… Le comble du cynisme serait
d’appeler ça une démocratie.
(1) : Alors qu’environ la moitié des entreprises du CAC 40
ne paye pas d’impôt sur les sociétés, selon Nathalie Kosciusko-Morizet,
c’est un chiffre qui risque de faire polémique. En 2011, les entreprises
qui composent l’indice CAC 40 ont dégagé 74 milliards d’euros de
bénéfices nets. Leur chiffre d’affaires atteint 1324 milliards d’euros.
L’Expension 8/3/2012
(2) : Près de 93 M€. C’est ce que pèsent les salaires
versés en 2012 aux patrons du CAC40, l’indice regroupant les quarante
plus grosses entreprises cotées à la Bourse de Paris. Entre leur salaire
fixe et la part variable, qui dépend de l’atteinte ou non d’objectifs
définis par le conseil d’administration de l’entreprise, chacun d’entre
eux a touché en moyenne 2,3 M€.
Le Parisien 06/05/2013
(3) : Voilà un mot qui fâche : « impôt ». Il y a ceux qui
disent en payer trop, d’autres pas assez. Et ceux qui n’en paient pas du
tout. C’est le cas de grands groupes français du CAC 40. Exemples :
Total, qui a réalisé l’an dernier 12 milliards d’euros de bénéfices,
s’est acquitté de 300 millions d’euros au Trésor public. « Avant,
c’était zéro », affirme Mathilde Dupré qui travaille pour la plate-forme
Paradis fiscaux et judiciaire. En 2009, Saint-Gobain n’a pas payé
d’impôt sur les bénéfices et n’est pas la seule grande entreprise dans
ce cas.
Le Monde Culture 10/09/2013
(4) : La fraude fiscale atteindrait entre 60 et 80
milliards d’euros en France, selon un rapport de Solidaires-Finances
publiques publié ce mardi. Soit près de 20% des recettes fiscales
brutes.
Les Echos 22/01/2013
(5) : Chaque année, des milliers de milliards de dollars
échappent aux Etats. On estime qu’entre vingt mille milliards et trente
mille milliards de dollars sont dissimulés dans les quelque soixante
paradis fiscaux existant dans le monde. Depuis des décennies, des
multinationales cherchent à réaliser un maximum de profit en payant –
bien évidemment – le moins de taxes possible. Optimisation fiscale,
évasion fiscale, trust… Tous les procédés légaux, ou pas, se révèlent
utiles pour engranger encore plus de billets verts. C’est le cas de la
firme Colgate-Palmolive. Il y a une dizaine d’années, ce groupe a décidé
de délocaliser son siège social français en Suisse. Conséquence : plus
d’impôt à payer sur les bénéfices et fin de l’intéressement pour les
salariés. En toute impunité, la multinationale a pu transférer les gains
qu’elle a réalisés en France à l’étranger. Aux Caïmans, notamment, un
bâtiment de quatre étages abrite… 18 000 entreprises. Dans l’Etat du
Delaware, aux Etats-Unis, 285 000 entreprises sont enregistrées dans un
immeuble d’un étage. Comme l’explique le documentaire (produit par Arte
France et Maha Productions), l’évasion fiscale a une double conséquence
dramatique pour les Etats : elle les oblige à faire des coupes
budgétaires et à sacrifier des services publics. ou à s’endetter. En
Grèce, où les armateurs, les banquiers et l’Eglise – pourtant premier
propriétaire foncier du pays – ne paient pas d’impôt, on estime
l’évasion fiscale à quelque 45 milliards d’euros, soit près de 20 % du
PIB national. Si le pays récupérait la moitié de cette somme « la Grèce
n’aurait plus de problème », estime Nikkos Lekkas, de la brigade fiscale
grecque.
Le Monde Culture 10/09/2013
(6) : Depuis son élection François Hollande a rajouté près
de 28 milliards d’euros d’impôts, qui sont venus après les quelque 27
milliards votés dans la deuxième moitié du quinquennat de Nicolas
Sarkozy.
France Info 8/9/2013
En tout temps et en tous lieux, des hommes ont cherché à imposer leur loi, à prendre le pouvoir sur le reste de la population. Les états usent de la force (police, justice, armée), les religions de la peur (enfer et damnation) pour nous soumettre. Au vingtième siècle, d’autres formes de pouvoir sont apparues, les multinationales imposent leur système libéral et leurs produits commerciaux, la finance et les banques dominent l’économie, les médias abusent des moyens de communication modernes pour vendre la désinformation au service des complices cités plus haut. Les tenants de cette oligarchie se serrent les coudes, s’entraident, se soutiennent pour faire régner l’ordre mondial destiné à asservir les citoyens et en faire de simples consommateurs obéissants.
À l’échelle mondiale, on voit donc s’instaurer une ploutocratie, drainant pouvoir et argent, au détriment du citoyen qui voit (ou qui ne voit pas) ses libertés s’amenuiser et ses richesses fondre en même temps que les richesses naturelles et culturelles de l’humanité. Ce système occulte ne s’impose aucune loi, il se dit "libéral", c’est à dire que tous les coups sont permis pour parvenir à ses fins, le profit et rien que le profit, quelque soit le prix à payer pour le reste de l’humanité et les générations futures. Cette junte capitaliste puise son autorité dans l’argent dont elle dispose pour acheter les outils nécessaires à son emprise : les hommes politiques qui édicterons des lois opportunes, les médias qui orienterons le citoyen, les commerçants qui lui vendront du bonheur, sans oublier les instances sportives qui le divertiront et les loteries qui lui feront croire à des jours meilleurs. Le but caché est une infantilisation générale pour aboutir à un conformisme docile qui sera permissif à toute avancée libérale. On remarquera que, dans la plupart des cas, la soumission n’est pas obtenue par l’usage de la force publique tant les alternatives en ce domaine sont variées et efficaces pour obtenir la sclérose intellectuelle souhaitée. La peur est plus radicale pour dominer. En terme d’économie, la peur entretenue est celle du chômage, de la pauvreté et de l’exclusion. Son efficacité est redoutable pour détricoter les acquis sociaux et diminuer les salaires en toute quiétude. Le capitalisme entretient aussi le dogme du bonheur engendré par l’argent et la consommation tout en sous-entendant que le collectivisme conduirait irrémédiablement au malheur et à la pauvreté. Contester ce dogme remettrait en question tout un système de vie et de pensée. Cette crainte de l’inconnu permet d’abolir tout sens critique et d’exploiter la crédulité des populations en les maintenant dans une forme de dépendance économique. Comme il est plus facile de croire ce qu’on nous affirme officiellement, que de s’aventurer dans l’indépendance intellectuelle, personne ne bouge. L’obéissance conduit à une déresponsabilisation individuelle paralysant l’émergence de la protestation. L'obéissance, le conformisme et l’inertie ont, de tout temps, été les plus sérieux obstacles à l’évolution de l’humanité.
C’est dans ce contexte que naissent
néanmoins de par le monde des foyers de contestation issus d’esprits
lucides et frondeurs, révoltés de voir se creuser les inégalités et
impuissants à stopper la destruction des richesses écologiques et le
pillage des ressources naturelles. Ils sont aidés dans leur combat par
des médias dits "alternatifs". Aux yeux des autorités, toute réflexion
personnelle devient suspecte par la capacité d’analyse, de critique et
de rébellion qu’elle suscite. Les États, complices du libéralisme,
trouvent dans la législation des outils (ou les fabriquent) pour
marginaliser, culpabiliser et réprimer les frondeurs qui sont assimilés à
des délinquants, voire à des terroristes avant d’être offerts à la
vindicte populaire par le lynchage médiatique. À une très grande
majorité, dans une société démocratique, les gens font ce qu’on leurs dit
de faire sans tenir compte de la nature de l’acte prescrit et sans être
freinés par leur conscience, dès lors que l’ordre semble émaner d’une
autorité légitime. Les contestataires partent de l’axiome inverse, à
savoir que la pertinence d’une idée n’est pas toujours corroborer par la
loi et peut même s’y opposer. Albert Einstein disait :
"Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’État te le demande". (Discours et
entretiens).
Et Gandhi allait même plus loin en affirmant :
"La désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen. Il ne
saurait y renoncer sans cesser d’être un homme".
À la vue des drames sociaux et des catastrophes écologiques causées par le capitalisme, il
n’est pas incongru de contester la légitimité d’un gouvernement qui
cautionne ces orientations économiques. Les Nations Unies reconnaissent
l’accès à l’eau comme un droit fondamental de l’Homme, face à cette
déclaration, le droit à polluer que s’octroient sans vergogne les
multinationales est-il justifiable ? Si la réponse est oui, le droit
puis le devoir de désobéissance deviennent à leur tour justifiables.
Face au désastre écologique prévisible, les générations futures ne nous
dégagerons pas de nos responsabilités au nom du respect des lois. Comme
l’avait remarqué le Dr Gustave Le Bon dans son ouvrage "Les opinions et
les croyances" :
"L’immense majorité des hommes ne possède guère que
des opinions collectives, les plus indépendants eux-mêmes professent
généralement celles des groupes sociaux auxquels ils appartiennent.
L’homme descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la
civilisation et devient un barbare dès qu’il fait partie d’une foule
organisée. Il se laisse impressionner par des mots, des images qui
n’auraient aucun impact sur chacun des individus isolés, mais en foule,
il commet des actes contraires à ses intérêts les plus évidents. Combien
d’entre nous ont vraiment des opinions personnelles sur ces sujets et,
dans ces cas, combien osent les exprimer ?".
Réjouissons-nous (mes frères)
que des hommes se lèvent pour crier leur colère et désobéir aux ordres
de l’économie libérale, il n’est pas utopique de penser que leur
capacité de discernement éclairera le chemin de l’avenir.
L’aéronautique est un secteur où la sécurité a toujours été une priorité, loin devant les considérations commerciales. En matière de sécurité, l’étude des facteurs humains a pris une place si importante que cette matière apparaît désormais dans tous les examens de l’aviation civile. Les "règles de l’art" évoquent cette discipline en faisant un clin d’oeil aux "compagnons" qui eux aussi devaient respecter scrupuleusement les «règles de l’art».
RÈGLE N° 1 : ÊTRE PRÊT
C’est à dire : faire en sorte d’être apte
à réaliser le vol projeté sur le plan : physique (être reposé,
alimentation équilibrée, pas d’alcool), intellectuel (acquisition des
connaissances nécessaires, documentation accessible et à jour), mental
(ne pas se laisser submerger par des soucis extérieurs comme divorce,
deuil, chômage, enfants, etc…, ne pas hésiter à renoncer au vol si on ne
se sent pas bien).
RÈGLE N° 2 :S’INFORMER AVANT DE DÉCIDER
Dans presque toutes les phases de vol,
des décisions s’imposent, or les incitations possibles sont souvent
contradictoires. Avant prendre une décision, il est donc important de
collecter toutes les informations pertinentes, de les analyser afin
d’envisager les conséquences d’une option par rapport à une autre.
Garder à l’esprit que les conséquences d’une décision ont souvent des
effets inattendus et des ramifications plus larges qu’on ne l’imaginait
au départ.
N° 3 : DOUTER À PRIORI
Au sol comme en vol, il est nécessaire de
faire preuve d’un scepticisme fondamental. Ne jamais faire confiance à
une information sans s’assurer qu’elle est crédible ou qu’elle n’est pas
porteuse d’une erreur identifiable. Ne jamais négliger une information
contradictoire, même insignifiante, elle peut être le révélateur d’un
fait fondamental qui nous a échappé. Douter de soi, de ses propres
décisions, de ses propres représentations mentales en sachant que
l’homme est faillible, que tout le monde fait des erreurs. Se remettre
en cause fréquemment, rester ouvert à une remise en cause d’un projet
d’action ou d’une représentation mentale de la situation.
RÈGLE N° 4 : ÊTRE POSITIF
En toute circonstance, mais surtout en
situation critique, il convient d’adopter une attitude positive qui
optimise l’efficacité de l’équipage ou de l’équipe au sol: c’est la
synergie. Chacun doit s’efforcer d’adopter un comportement qui facilite
la communication entre tous les intervenants. Créer une ambiance de
coopération et de coordination, privilégier la qualité des relations
humaines, sont des facteurs de sécurité.
RÈGLE N° 5 : RÉFLECHIR AVANT D’AGIR
Toute action doit être précédée d’un projet d’action, une sorte de planification des tâches,
une préparation mentale. Avant toute action, en envisager les conséquences,
il y a toujours des précautions à prendre avant de mettre en œuvre un
système, une procédure ou une manœuvre. Aucune situation ne justifie la
précipitation, il est souvent souhaitable de perdre du temps pour être
en mesure d’agir sereinement.
RÈGLE N° 6 : SE CONTRÔLER MUTUELLEMENT
Dans la conduite du vol, toute action
doit être clairement annoncée par celui qui la fait et contrôlée par
l’autre PNT. De plus l’information doit circuler et être partagée.
RÈGLE N° 7 : CONTRÔLE DES ACTIONS
Le contrôle est le point fondamental de
l’interface homme/machine. Toute action sur la commande d’un système
doit s’accompagner du contrôle de la prise en compte de l’ordre par le
système et du résultat attendu. Il permet la détection des pannes, des
dysfonctionnements d’un système ou des erreurs de manipulation. Le
contrôle de l’action, en général, permet de détecter les écarts de
trajectoires, les écarts de paramètres et les écarts entre sa propre
représentation mentale du fonctionnement de la machine et la réalité.
Les conséquences de ces écarts peuvent être dramatiques. Mais attention :
l’homme privilégie toujours les informations qui confortent ses idées
et ses décisions plutôt que celles qui les infirment. La reconnaissance
et la prise en compte permanente de nos erreurs, même infîmes, est le
mécanisme par lequel nous réajustons individuellement nos actions pour
les rendre plus conformes à la réalité et à nos objectifs. Le monde
aéronautique devrait être un domaine d’honnêteté absolu vis à vis des
erreurs humaines.
RÈGLE N° 8 : SAVOIR DIRE NON
Ne pas céder à une pression, une
incitation ou une demande sans s’assurer que la sécurité est préservée.
Il faut résister à une contrainte qui entamerait la maîtrise de la
situation. L’excès de confiance en soi n’est pas une contrainte mais
elle agit de façon similaire, elle est souvent à l’origine d’accidents
facilement évitable. En vol à voile, la peur de l’échec (la vache), peut
pousser à prendre des risques inappropriés par rapport aux enjeux et
conduire à une prise de terrain acrobatique suivi d’un accident à
l’atterrissage. Dans ce cas, la pression vient de l’intérieur.
RÈGLE N° 9 : SE CONDITIONNER
Toute procédure, surtout celles
concernant les phases critiques, doit être apprise, révisée mentalement
et réactivée périodiquement. La rareté d’une situation d’urgence ne
saurait être un alibi à l’ignorance de sa procédure, bien au contraire.
Même un scénario peu probable arrivera un jour ou l’autre. Presque tous
les accidents aujourd’hui étaient des scénarios improbables. Chaque
phase de vol doit déclencher un conditionnement préalable à une
éventuelle situation d’urgence afin de réactiver mentalement les
procédures correspondantes.
RÈGLE N° 10 : DONNER PRIORITÉ À LA TRAJECTOIRE
En toute phase de vol, le contrôle de la
trajectoire doit être une priorité, les actions entreprises ne doivent
pas nuire à ce contrôle.
RÈGLE N° 11 : RESPECTER LES PROCÉDURES
Dans la très grande majorité des cas, cas
normaux ou cas d’urgence, il existe une procédure qui permet
d’effectuer une manœuvre ou de résoudre un cas d’urgence. Rechercher
cette procédure et l’appliquer.
RÈGLE N° 12 : ETRE SUR SES GARDES
Au sol ou en vol, même quand tout va
bien, il convient de rester vigilent. Dans les phases de vol normal où
aucune anomalie n’est détectée, une vigilence soutenue permettra de
déceler les indices de développement d’une situation anormale. Être
réceptif à des événements inattendus, même mineurs, qui sont souvent des
signaux d’une représentation erronée de la situation.
RÈGLE N° 13 : LEVER LE DOUTE SYSTÉMATIQUEMENT
Le lever de doute est un excellent outil
de détection des erreurs. Ne jamais rester sur une incertitude, ne
jamais négliger une information contradictoire, même mineure. Mieux vaut
dire une bêtise que d’en laisser faire une. Si un indice semble
anormal, il l’est vraisemblablement. Ne pas hésiter à rechercher les
causes d’une anomalie et d’en parler aux autres jusqu’au lever de doute
définitif. Une information contradictoire mineure est souvent l’indice
d’un problème caché. La pire des attitudes est de négliger une
information anormale ou d’inventer une fausse explication pour apaiser
ses doutes et privilégier le confort d’esprit ou la paresse
intellectuelle.
RÈGLE N° 14 : ÉTABLIR UNE PRIORITÉ DES TÂCHES
Toujours chercher à diminuer la charge de
travail. En fonction de la phase de vol ou de la situation, certaines
tâches sont prioritaires par rapport à d’autres. Savoir hiérarchiser les
actions, décider des priorités. Ne pas faire deux choses en même temps,
sous peine d’erreur ou de perte d’efficacité. En situation d’urgence,
se limiter à l’essentiel et négliger ce qui peut l’être, sont des
facteurs de diminution du stress. L’anticipation est un outil
indispensable pour gérer les tâches, le temps et la charge de travail.
RÈGLE N° 15 : PARTAGER SON EXPÉRIENCE AVEC LES AUTRES
En aéronautique, les accidents et même
les incidents, sont rares, chacun a donc peu d’expérience des situations
d’urgence. Dans un soucis de prévention collective, chacun doit
partager son expérience avec les autres, c’est le rôle des bulletins de
sécurité des vols édités dans chaque compagnie aérienne. Les
comptes-rendus d’accidents du BEA sont une autre source d’information
quasiment inépuisable, ajoutons que la rigueur des enquêtes et la
profondeur d’analyse de ces comptes-rendus sont absolument remarquables.
Nul doute que le BEA a fait progresser à grands pas la sécurité
aérienne.
Article adapté par Daniel Legras d’un
document du Centre d’Instruction AIR FRANCE.
Remerciements à Jean-Claude
DUVAL (Air France) et Jacques ENJALBERT (Britair).
L’espace aérien se restreint de plus en plus, la plus grande partie est réservée aux militaires(pour jouer à la guerre) et dans une moindre mesure à l’aviation commerciale. Le vol à voile et autres sports aériens se partagent les miettes. Cette situation m’a inspiré cette parodie de fable (le Nimbus est le nom d’un planeur, la DGAC est la Direction de l’Aviation Civile et une TMA est un espace aérien qui surplombe un aéroport).
Un planeur glissait
Dans l’air pur vers l’ombre d’un cumulus
Quand, plus haut, passa un Airbus,
Rempli de passagers replets et satisfaits.
Qui te rend si hardi de troubler mon espace,
Dis son pilote que le planeur agace,
Tu seras châtié de ta témérité.
Commandant, implora le vélivole peiné,
Ne vous mettez pas en colère,
Voyez plutôt comme je galère
Et combien j’endure de souffrances
À gagner quelques mètres dans mon ascendance
À plus de deux mille pieds sous votre réacteur
Et que par conséquent, en aucune façon
Je ne puis troubler votre navigation.
Tu me gênes, hurla le commandant de mauvaise humeur,
Et je sais que de moi, sans vergogne, tu médis naguère.
Comment l’aurais-je fait, j’étais encore en double-commande,
Repris le vélivole contrit par cette réprimande.
Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
Je n’en ai point. –C’est donc ton instructeur,
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous autres vélivoles et vos satanés planeurs.
Et l’Aviation Civile dit qu’elle en avait assez.
Là-dessus, du fond de la DGAC,
Un fonctionnaire tira les traits d’une TMA respectable
Interdite aux planeurs indésirables.
Daniel Legras
D’après Jean de la Fontaine
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